S’il est un sujet à polémique, c’est bien celui
de la prostitution en Thailande.
Nombreux sont ceux qui en parlent mais le
problème est bien trop complexe pour s’arrêter
à des
perceptions personnelles souvent incomplètes voire erronées.
Cet article n’a donc pas pour objectif de déterminer si la Thailande
est le plus gros bordel d’Asie ou non,
mais plutôt d’essayer
de mieux comprendre un tel phénomène.
La prostitution dans l’histoire
La prostitution « le plus vieux métier du monde », est
présente dans chaque pays depuis la nuit des temps prenant différentes
formes
en fonction de la culture et des mœurs locales. En Thailande,
la facilité des mariages et des divorces peuvent avoir été des
freins à la prostitution,
mais il serait naïf de penser qu’elle
n’existait pas, surtout dans les grands centres comme Ayutthaya.
Elle
fut institutionnalisée dès la fin du XVIIème siècle
par le pouvoir, en raison des revenus qu’elle procurait.
Les prostituées étaient
toutes des femmes, souvent étrangères, achetées ou devenues
esclaves pour diverses raisons.
Les mariages temporaires pour les étrangers,
notamment dans les ports étaient
une pratique courante et la chose
n’était pas considérée comme honteuse.
La prostitution en Thaïlande
Aujourd’hui le tourisme sexuel en Thailande n’est plus un sujet
tabou : il est évoqué pour être dénoncé,
mais aussi pour choquer le public comme dans certains reportages racoleurs
des chaînes M6 ou TF1.
Parallèlement, un malentendu persiste à propos
du voyage en Thailande, souvent considéré comme un prétexte
pour les hommes à la recherche de relations sexuelles faciles et pas
chères.
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Malheureusement, c’est souvent le cas de ces hommes errant dans
ces quartiers dédiés au sexe :
Patpong et Sukumvit à Bangkok,
Patong à Phuket et Pattaya, « la capitale » de cette industrie
du sexe.
Dans ces lieux, bien loin d’une Thailande authentique et paisible,
sont regroupés des bars bondés de prostituées,
des salons
de massages « happy end », et de multiples établissements
où assouvir tous ses désirs.
On y trouve facilement alcool
et drogue, et les pharmacies disposent toutes de Viagra et Cialis.
Des touristes du monde entier viennent y satisfaire leurs fantasmes. Parmi
eux, de plus
en plus d’asiatiques
en quête d'exotisme européen comme
le témoigne la forte concentration de femmes originaires de Russie
et d’Europe de l’Est
Pourquoi y-a-t-il autant de prostitution en Thailande ?
La vraie question est de savoir pourquoi est-elle aussi visible
? Il n’y
aurait d’ailleurs pas plus de prostitution en Thailande
que dans le
reste des pays voisins comme les Philippines, le Laos, le Cambodge ou bien
la Chine.
Le commerce sexuel est certes développé en Thailande,
mais il n’est pas présent de la même manière
dans
les hauts-lieux comme Pattaya ou Phuket que dans le reste du pays.
Ces temples
du sexe ne seraient d’ailleurs qu’une partie émergée
de l’iceberg.
En effet, il y a une demande de la population locale
bien supérieure à la demande extérieure.
Les thaïs
dépensent beaucoup d’argent pour satisfaire leur désir
sexuel, la plupart vont régulièrement au salon de massages
:
« ces salons sont tellement populaires que l’on y rencontre
toujours quelqu’un qu’on connait » nous confie un jeune
homme.
Pour les hommes thaïlandais, les aventures dans les salons de
massage n’ont rien de honteux,
ainsi perdre sa virginité avec
une prostituée constitue un rite initiatique pour un jeune et fréquenter
les bordels, une forme de socialisation.
« Sexyland » La naissance d’une industrie
La prostitution a toujours existé en Thailande, mais ce qu’on
appellera plus tard « l’industrie du sexe »
s’est
développée lors de la guerre de Corée et du Vietnam,
pendant les années 1950 – 1960.
A l’époque, les
militaires américains venaient en Thailande et plus particulièrement à Pattaya
pour leur période de « Rest and Recreation »
(R&R),
littéralement période «de repos et de loisirs ».
Dès lors, cette industrie n’a cessé de croître,
une enquête a même révélé que la prostitution
représentait 14% du PIB de la Thailande entre 1993 et 1995.
Les thaïlandais ont indiscutablement leur part de responsabilité dans
cette diffusion de la prostitution sur leur sol.
La sexualité en Thailande
est quelque chose de Sanuk, de divertissant, la société thaïe
a toujours accepté le concubinage et la prostitution,
sans que cela évite
bien sûr de nombreux conflits et drames inhérent à ces
activités.
Le gouvernement ne fait rien de concret pour endiguer ce
phénomène vu les revenus qu’il génère.
En revanche un énorme progrès a été fait concernant
la pédophilie. Sans qu’on puisse dire qu’elle soit éradiquée,
elle ne se pratique plus comme dans les années 70 – 80. Grâce
aux pressions internationales
et aux campagnes internes visant à revaloriser
l’image de la Thailande, la police sévit et sanctionne,
ainsi
ces dernières années, on a pu assister à de nombreux
scandales qui auraient été cachés par le passé,
et de nombreux criminels sont aujourd’hui derrière les barreaux.
Malheureusement, si les réseaux pédophiles s'essoufflent en
Thaïlande,
ils trouvent de nouvelles ramifications dans les pays voisins,
actuellement moins regardants que les autorités thaïs,
comme
le Laos, le Vietnam et surtout le Cambodge.
Une vie plus confortable ?
Surtout, ne pas faire de généralités sur ces filles
et ces femmes qui viennent de tout le pays vendre leur corps.
Chacune a ses
propres raisons, sa propre histoire, son passé…En Thailande,
le coût de la vie
et surtout de la nourriture sont très bas,
mais alors, pourquoi se prostituer si ce n’est pas indispensable ?
Essentiellement originaires des zones rurales du Nord et du Nord-Est
de la Thailande,
ces jeunes femmes ont peu d’opportunités d’emploi
dans leurs villages et souvent, elles commencent à se prostituer
parce
qu’elles en ont assez d’exercer un travail pénible et
très mal rémunéré.
Pour de nombreuses autres
jeunes femmes, la prostitution est le seul moyen de rembourser ses
dettes ou celles de sa famille.
Pour un grand nombre d’autres, la prostitution
leur offrirait une vie plus confortable.
Une fille gagnerait 5 à 10
fois plus d’argent en se prostituant qu’en travaillant.
Enfin,
la proportion des femmes abandonnées par leur ami ou mari à la
naissance de leur enfant est impressionnante.
Loins d’être dépendante
financièrement de leur mari, se prostituer est cependant un moyen
facile et
rapide de gagner beaucoup d’argent et ainsi de subvenir aux
besoins de la famille. N’oublions pas aussi toutes ces femmes et enfants
immigrés,
forcés de se prostituer dans des conditions dramatiques,
littéralement esclaves d’odieux trafiquants d’humains.
Les différentes
formes de prostitution
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Les bars
La plupart des filles se prostituant dans les lieux touristiques travaillent
en quelque sorte à leur compte.
Elles louent un emplacement dans un
bar où elles doivent rester chaque soir jusqu'à la fermeture
et ainsi faire consommer un maximum de personnes.
Si un client veut partir
avec l’une d’entres elles, il doit payer 500 bahts (10 €) à Mama-San
(la patronne), celle qui s’occupe des filles.
Ensuite, la fille fixe
son tarif pour coucher avec le client, généralement aux environs
de 1000 bahts (20 €).
La majorité de ces filles rentrent dans
cette industrie de leur plein gré, rares sont celles qui ont été enrôlées
par escroquerie.
Les gogos
Ces « gogos bars » proposent des shows dans lesquels de magnifiques
jeunes femmes dansent en bikini ou parfois entièrement nues
sur des
podiums pour le plaisir des hordes de touristes sexuels occidentaux. Pour
seul ticket d’entrée,
une consommation obligatoire (généralement
au prix de 100 baths),
ces filles numérotées comme de vulgaires
objets peuvent être appelées par les clients pour passer un
moment, ou une nuit avec eux.
Les maisons closes
Partie cachée de la prostitution, les maisons closes sont généralement
réservées aux thaïs et moins connues des étrangers.
On y trouve des filles esclaves de réseaux mafieux. Souvent de nationalités étrangères,
elles effectuent plusieurs passes par jour pour une misère.
Ce sont
les endroits les plus infâmes qu’il puisse exister.
Les salons de massages
A ne pas confondre avec les établissements proposant du body-massage,
ces salons proposent toutes sortes de massages :
massage traditionnel, massage à l’huile,
massage des pieds… Dans beaucoup d’établissements, les
filles proposent un supplément monnayable.
Mais ne faisons pas d’amalgame,
il est tout à fait possible de trouver des salons de massages avec
de vraies masseuses.
Il est généralement facile de distinguer
les "bons", des "mauvais" salons rien qu’en observant
l’endroit,
le genre de clients, ainsi que l’âge et l’aspect
des masseuses.
Le body massage
Etablissements plus importants, les centres de body-massages proposent
de la prostitution bien organisée.
Ici, pas d’ambigüité comme
dans certains salons de massages, le client qui entre dans ces établissements
sait tout de suite ce qu’il l’attend.
Le hall d’accueil
est une grande salle ornée d’une vitrine contenant des jeunes
femmes numérotées qui attendent qu’un client daigne à les
choisir.
Le touriste ayant choisi une fille, ils se rendent dans une chambre
prévue à cet effet.
Au programme, lavage complet, massage à l’huile
avec le corps, et du sexe, le tout en maximum 2 heures.
Pour ca, le touriste
devra débourser environ 3500 bahts (70€).
La descente aux enfers
« Aucune de nous n’est vraiment heureuse » nous confie
cette ancienne prostituée ayant travaillé à Koh Samui
pendant 4 ans,
« ça vous plairait vous, d’avoir des relations
sexuelles chaque soir avec différentes personnes que vous n’aimez
pas ».
Qu’elles qu’en soient les raisons, elles ne le font
pas par plaisir, et ce n’est pas aussi facile que le laissent paraître
ces femmes
toujours souriantes et joyeuses. L’envers du décor
est souvent bien moins plaisant, beaucoup boivent et se droguent.
Le sida est malheureusement très répandu parmi les prostituées.
Selon une association, près de 3% de la population thaïlandaise
souffre du VIH,
soit environ 2 millions de personnes. Mal informées,
les prostituées ayant contracté le virus reviennent
dans leurs
villages et contaminent leurs proches sans même le savoir. Ensuite,
la descente aux enfers commence
et laisse ainsi des milliers de foyers démunis
face à la souffrance de leurs proches et à l’incapacité financière
d’y remédier.
Pour aider les plus démunis, L’association Rejoice Charity
(créée par Derk Hallaman et Garreth Lawell en 1998)
aide les
personnes atteintes qui ont le plus de mal à surmonter les difficultés
de la maladie, et celles qui souffrent
d’un taux de transmission particulièrement élevé, à savoir
les femmes, les enfants, les prostitué(e)s,
les toxicomanes et les
communautés villageoises montagnardes. L’équipe mène
actuellement 14 programmes sociaux, médicaux, et éducatifs.
Rejoice accueille des volontaires de tous les pays.
Vous pouvez contribuer
sur place, près de Chiang Mai, ou via le site internet de Rejoice.
www.rejoicecharity.org
contact@rejoicecharity.com
La prostitution masculine
Beaucoup d’hommes et de jeunes hommes gays, ou hétéros
se prostituent en Thailande. Comme pour les jeunes femmes,
ils viennent généralement
des zones rurales les plus pauvres du pays. Ce marché qui, jusqu'à maintenant,
était
exclusivement réservé à une clientèle gay, devient
de plus en plus populaire auprès des femmes étrangères.
De nombreux prostitués venant d’Afrique et de Jamaïque
viennent également offrir leur service à une clientèle
qui les considère «plus féroces», «plus passionnés» que
leurs homologues thaïlandais.
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La
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Corruption, criminalité et prostitution
La prostitution est un milieu difficile,
où argent, drogue, et violence
sont mêlés. De nombreuses personnes,
thaïes ou étrangères
sont victimes chaque année de la criminalité liée à la
prostitution.
Par exemple, la Thailande serait pour les britanniques, le
pays ayant le taux de mortalité le plus élevé pour ses
ressortissants en vacances.
Ainsi, quelques 224 britanniques sont morts durant
leur séjour à cause de la prostitution entre avril 2005 et
Mars 2006.
En Thailande, la corruption est presque une institution,
elle est
présente
partout, dans chaque administration, dans chaque classe de la société.
Pendant des siècles, des fonctionnaires ne percevant pas de salaire, étaient
autorisés, en contrepartie,
à garder pour eux jusqu'à 10
% des recettes fiscales. Aujourd’hui, les conséquences les plus
graves concernent l’achat de voix électorales,
un phénomène
très répandu dans les régions rurales où sont
concentrées les populations les plus pauvres.
Selon une étude,
une famille thailandaise verse chaque année en moyenne 1000 bahts
de pots-de-vin.
L’exemple le plus connu est celui des barrages policiers
destinés à percevoir des amendes plus ou moins justifiées.
Cette économie parallèle engloutirait 10 à 20 % du budget
national ! Deux événements ont cependant atténué ce
phénomène :
la crise financière de 1997 et l’adoption
d’une nouvelle Constitution
«Avec la crise, toute forme de tolérance à l’égard
de la corruption était devenue inacceptable».
Malgré tout,
selon un récent sondage auprès de la population thaïlandaise, «la
corruption est acceptable dans un gouvernement
si elle permet d'améliorer
la vie des citoyens». Un résultat surprenant étant donné la
situation actuelle du pays
et les reproches faits aux derniers gouvernements.
Ainsi, même si la corruption est considérée comme le
troisième fléau national après la pauvreté et
la drogue,
elle est souvent envisagée comme un mal nécessaire.
Le prince charmant
Pour vendre son corps, encore faut-il être belle et jeune ! Beaucoup
de ces filles de joie changent de métier avant d’avoir 30 ans.
La plupart cherche un farang (un étranger) pour partager leur vie
ou même se marier, celui-ci pourrait leur offrir un confort financier,
à elle
ainsi que leur famille. Bien sûr parfois, c’est une relation
vouée à l’échec basée sur l’argent
et le sexe.
Mais encore une fois, essayons d’éviter les généralités
abusives, les idylles entre étrangers et Thaïlandaises restent
possibles
et de nombreux couples ayant trouvé l’amour vivent
aujourd’hui très heureux en France, ou en Thailande.
La femme thaïlandaise
Les différents reportages sur la prostitution, qui ne font parfois
qu’encourager ce phénomène,
donnent une mauvaise image
de la femme thaïlandaise.
Même s’il n’est pas rare
de voir une jeune femme thaïe aux bras d’un « farang » plus âgé,
rappelons que la majorité des femmes
sont des travailleuses très
prudes et très sérieuses. En Thaïlande comme dans quasiment
tous les pays rizicoles et bouddhistes d’Asie,
la femme a toujours
eu sa place au travail. Contrairement aux idées reçues, les
femmes thaïlandaises sont reconnues capables
d’assurer leur indépendance
financière et sociale, et parfois même de supporter toute une
famille.
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